Enfin
un site de fables destiné à tous! Que vous soyez enfant, parent,
enseignant, ne cherchez plus ailleurs vous êtes au bon endroit. Les
fables sont un héritage culturel légué par nos ancètres,
qui par le biais d'une petite histoire d'animaux permettent la critique
du monde des hommes et l'aprentissage d'une morale. Qui n'a jamais appris
au moins une fable? Le site 789fables est un site qui permettra de transmettre
ce formidable héritage de sagesse de nos anciens.
A partir de l'été 2008 vous aurez la
possibilité de télécharger la version mp3 (version
enregistrée de la fable). Ces fables sont libres de droits, vous
pouvez donc les utiliser gratuitement à votre guise.
Vous pouvez légalement en faire profiter vos amis, vos enfants ou
vos élèves.
La cigale et la fourmi
(Jean de la Fontaine)
La cigale , ayant chanté tout l'été,
se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine chez la fourmi sa voisine,
la priant de lui prêter quelque grain pour subsister
jusqu'à la saison nouvelle "Je vous paierai, lui dit-elle,
avant l'oût , foi d'animal, intérêt et principal ."
La fourmi n'est pas prêteuse ; c'est là son moindre défaut.
"Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien : dansez maintenant."
Le corbeau et le renard
(Jean de la Fontaine)
Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage.
Maître renard par l'odeur alléché, lui tint à
peu près ce langage :
"Et bonjour Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli! Que vous
me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage,
vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie; et pour montrer sa belle voix,
il ouvre un large bec laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit et dit: "Mon bon monsieur, apprenez que tout
flatteur
vit aux dépens de celui qui l'écoute: Cette leçon vaut
bien un fromage sans doute."
Le corbeau honteux et confus jura mais un peu tard , qu'on ne l'y prendrait
plus.
Le loup et l'agneau
(Jean de la Fontaine)
La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer
tout à l'heure.
Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure, et que la faim en
ces lieux attirait.
"Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage? Dit cet animal plein de
rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
-Sire, répond l'agneau, que votre Majesté ne se mette pas
en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère que je me vas désaltérant
dans le courant,
plus de vingt pas au-dessous d'Elle ; et que par conséquent, en aucune
façon,
je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, et je sais que de moi
tu médis l'an passé. -Comment l'aurais-je fait si je n'étais
pas né ? Reprit l'agneau ; je tette encor ma mère
-Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point.
- C'est donc quelqu'un des tiens : car vous ne m'épargnez guère,
vous, vos bergers et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts le loup l'emporte et puis le
mange,
sans autre forme de procès.
Le loup et le chien
(Jean de la Fontaine)
Un loup n'avait que les os et la peau, tant les chiens faisaient bonne
garde.
Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, gras, poli ,
qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers , sire loup l'eût fait volontiers;
mais il fallait livrer bataille, et la mâtin était de taille
à se défendre hardiment.
Le loup donc, l'aborde humblement, entre en propos,
et lui fait compliment sur son embonpoint, qu'il admire.
"Il ne tiendra qu'à vous, beau sire, d'être aussi gras
que moi, lui répartit le chien.
Quittez les bois, vous ferez bien: vos pareils y sont misérables,
cancres, hères, et pauvres diables, dont la condition est de mourir
de faim.
Car quoi? rien d'assuré; point de franche lippée ; tout à
la pointe de l'épée.
Suivez moi, vous aurez un bien meilleur destin."
Le loup reprit: "Que me faudra-t-il faire?
- Presque rien, dit le chien: donner la chasse aux gens portants bâtons
et mendiants;
flatter ceux du logis, à son maître complaire: moyennant quoi
votre salaire
sera force reliefs de toutes les façons: os de poulets, os de pigeons,
sans parler de mainte caresse."
Le loup déjà se forge une félicité qui le fait
pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé.
" Qu'est-ce là? lui dit-il.
- Rien.
- Quoi? Rien?
- Peu de chose.
- Mais encor?
- Le collier dont je suis attaché de ce que vous voyez est peut-être
la cause.
- Attaché? dit le loup: vous ne courez donc pas où vous voulez?
- Pas toujours; mais qu'importe?
- Il importe si bien, que de tous vos repas je ne veux en aucune sorte,
et ne voudrais pas même à ce prix un trésor."
Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor.